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Charles-Louis de Secondat,
baron de la Brède et de Montesquieu,
dit
Charles de
MONTESQUIEU
(1689 - 1755) |
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biographie |
Charles-Louis de Secondat, baron de La Brède et de Montesquieu,
connu sous le nom de Montesquieu, est un moraliste, penseur politique,
philosophe et écrivain français, né le 18 janvier 1689 à La Brède (Gironde) et
mort le 10 février 1755 à Paris.
Montesquieu est l'un des penseurs de l'organisation politique et sociale dont
s'inspirent les sociétés modernes. Il a notamment travaillé sur la répartition
des fonctions de l'État entre ses différentes composantes, appelée
postérieurement « principe de la séparation des pouvoirs ». Il a
notamment su exposer à ses contemporains deux modèles de liberté politique : la
liberté modérée du régime monarchique et la liberté extrême
incarnée par la Constitution d'Angleterre.
Biographie
Fils de Jacques de Secondat, baron de Montesquieu (1654-1713)
et de Marie-Françoise de Pesnel, baronne de la Brède (1665-1696), Montesquieu
naît dans une famille de magistrats de la bonne noblesse, au château de la Brède,
près de Bordeaux. Ses parents lui choisissent un mendiant pour parrain afin
qu'il se souvienne toute sa vie que les pauvres sont ses frères.
Après des études de droit, il devient conseiller du parlement de Bordeaux en
1714. En 1715, il épouse à 26 ans Jeanne de Lartigue, une protestante issue
d'une riche famille et de noblesse récente qui lui apporte une dot importante.
En 1716, à la mort de son oncle, il hérite d'une vraie fortune et de la baronnie
de Montesquieu. Délaissant sa charge dès qu'il le peut, il s'intéresse au monde
et au plaisir.
À cette époque l'Angleterre s'est constituée en monarchie constitutionnelle et
s'est unie à l'Écosse pour former la Grande-Bretagne. En 1715, le Roi Soleil
Louis XIV s'éteint après un très long règne et lui succèdent des monarques plus
faibles. Ces transformations nationales influencent grandement la pensée de
Montesquieu.
Il se passionne pour les sciences et mène des expériences scientifiques
(anatomie, botanique, physique...). Il écrit, à ce sujet, trois communications
scientifiques qui donnent la mesure de la diversité de son talent et de sa
curiosité : Les causes de l'écho, Les glandes rénales et La
cause de la pesanteur des corps.
Puis il oriente sa curiosité vers la politique et l'analyse de la société à
travers la littérature et la philosophie. Dans les
Lettres persanes, qu'il publie anonymement
(bien que personne ne s'y trompe) en 1721 à Amsterdam, il dépeint sur un ton
humoristique et satirique la société française à travers le regard de visiteurs
perses. Cette œuvre connaît un succès considérable : le côté exotique, parfois
érotique, la veine satirique et le ton spirituel de Montesquieu plaisent.
En 1726, Montesquieu vend sa charge pour payer ses dettes, tout en préservant
prudemment les droits de ses héritiers sur celle-ci. Après son élection à l'Académie
française (1728), il réalise une série de longs voyages à travers
l'Europe, lors desquels il se rend en Autriche, en Hongrie, en Italie (1728), en
Allemagne (1729), en Hollande et en Angleterre (1730), où il séjourne plus d'un
an. Lors de ces voyages, il observe attentivement la géographie, l'économie, la
politique et les mœurs des pays qu'il visite. Il est initié à la
franc-maçonnerie en Angleterre.
De retour au château de la Brède en 1734, il accumule de nombreux documents et
témoignages pour préparer l'œuvre de sa vie, De l'esprit des lois.
D'abord publié anonymement en 1748, le livre acquiert rapidement une influence
majeure alors que Montesquieu est âgé de 59 ans. Ce maître livre, qui rencontre
un énorme succès, établit les principes fondamentaux des sciences économiques et
sociales et concentre toute la substance de la pensée libérale. Il est cependant
critiqué, attaqué et montré du doigt, ce qui conduit son auteur à publier en
1750 la Défense de l'Esprit des lois. L'Église catholique romaine
interdit le livre en 1751 et l'inscrit à l'Index. Mais à travers l'Europe, et
particulièrement en Grande-Bretagne, De l'esprit des lois est couvert
d'éloges.
Dès la publication de ce monument, Montesquieu est entouré d'un véritable culte.
Il continue de voyager notamment en Hongrie, en Autriche, en Italie où il
demeure un an, au Royaume-Uni où il reste 18 mois. Il poursuit sa vie de
notable, mais reste affligé par la perte presque totale de la vue. Il trouve
cependant le moyen de participer à l'Encyclopédie de
Diderot et d'Alembert, y entame la rédaction de
l'article "Goût" qu'il n'aura pas le temps de terminer, ce dont
Voltaire se chargera.
Il meurt le 10 février 1755, d'une fièvre inflammatoire.
Les principes
Dans "De l'Esprit des Lois", œuvre capitale qui
rencontre un énorme succès, Montesquieu tente de dégager les principes
fondamentaux et la logique des différentes institutions politiques par l'étude
des lois considérées comme simples rapports entre les réalités sociales.
Son œuvre, qui inspira les auteurs de la Constitution de 1791, mais également
des constitutions suivantes, est à l'origine du principe de distinction des
pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire, base de toute
démocratie.
Il est aussi considéré comme l'un des pères de la sociologie.
La distribution des pouvoirs
Montesquieu prévoit la « distribution des pouvoirs » au
chapitre 6 de De l'esprit des lois. Montesquieu voit exister trois
pouvoirs : la « puissance législative », la « puissance judiciaire des choses
qui dépendent du droit des gens », chargée particulièrement des affaires
étrangères et de la défense, et la « puissance exécutrice de celles qui
dépendent du droit civil », c'est-à-dire le législatif (en général, le
parlement), l'exécutif (gouvernement, "administration" ou "cabinet") et le
judiciaire (magistrature).
Ceux-ci devraient être séparés afin que l'influence de l'un des pouvoirs ne
prenne l'ascendant sur les deux autres. Cette conception était radicale en ce
qu'elle éliminait la structure en trois États de la monarchie française: le
clergé, l'aristocratie et le peuple, effaçant ainsi le dernier vestige du
féodalisme.
Les régimes politiques
Montesquieu s'appuie sur l'importance de la représentation.
Les corps intermédiaires sont les garants de la liberté et le peuple doit
pouvoir simplement élire des dirigeants.
Montesquieu distingue alors trois formes de gouvernement, chacune soutenue par
un principe :
- La monarchie, « où un seul gouverne, mais par des lois
fixes et établies », fondée sur l'ambition, le désir de distinction, la
noblesse, la franchise et la politesse ;
- La république, « où le peuple en corps, ou seulement une
partie du peuple, a la souveraine puissance », comprenant deux types :
- Démocratie, régime libre où le peuple est souverain et
sujet. Les représentants sont tirés au sort parmi les citoyens qui sont tous
égaux. Elle repose sur le principe de vertu (dévouement, patriotisme,
comportements moraux et austérité traditionaliste, liberté, amour des lois
et de l'égalité). Montesquieu voit ce système comme plus adapté aux
communautés de petite taille.
- Aristocratie, régime où un type de personnes est favorisé
à travers les élections. Repose sur le principe de modération pour éviter le
glissement vers la monarchie ou le despotisme.
- Le despotisme, régime d'asservissement où « un seul, sans
lois et sans règles, entraîne tout par sa volonté et par ses caprices »,
dirigé par un dictateur ne se soumettant pas aux lois, qui repose sur la
crainte.
Pour Montesquieu la monarchie permet plus de liberté que la
république puisqu'en monarchie il est permis de faire tout ce que les lois
n'interdisent pas alors qu'en république la morale et le dévouement contraignent
les individus.
Alors que, selon Thomas Hobbes, l'homme a pour passion naturelle la quête de
pouvoir, Montesquieu ne voit de danger que dans l'abus du pouvoir dont celui qui
en dispose est naturellement porté. Il convient dès lors d'organiser les
institutions : « Pour qu'on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que, par la
disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir ».
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source
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Je
n'ai jamais eu de chagrin qu'une heure de lecture n'ait dispersé.
(Pensées diverses)
L'amitié
est un contrat où nous nous engageons à rendre de petits services afin
qu'on nous en rende de grands.
(Mes Pensées)
J'ai
toujours vu que pour réussir dans le monde, il fallait avoir l'air fou
et être sage.
(Mes Pensées)
Lorsque
les lois d'un Etat ont cru devoir souffrir plusieurs religions, il faut
qu'elles les obligent à se tolérer entre elles.
(De l'Esprit des
lois)
Un
homme n'est pas malheureux parce qu'il a de l'ambition, mais parce qu'il
en est dévoré.
(Mes Pensées)
C'est
une chose extraordinaire que toute la philosophie consiste dans ces
trois mots : "Je m'en fous.".
(Mes Pensées)
Les
lois inutiles affaiblissent les lois nécessaires.
(De l'Esprit des
lois)
Ce
n'est pas l'esprit qui fait les opinions, c'est le coeur.
(Essai sur les causes
qui peuvent affecter les esprits et les caractères)
Une
chose n'est pas juste parce qu'elle est loi. Mais elle doit être loi
parce qu'elle est juste.
(Mes Pensées)
La tristesse vient de la solitude
du coeur.
Les livres anciens sont pour les auteurs, les
nouveaux pour les lecteurs.
(Pensées diverses)
L'amour de la démocratie est celui
de l'égalité.
(De l'Esprit des
lois)
Autrefois on cherchait des armées pour les mener
combattre dans un pays. A présent on cherche des pays pour y mener
combattre des armées.
La liberté est le droit de faire
tout ce que les lois permettent.
(De l'Esprit des
lois)
La gravité est le bonheur des imbéciles.
J'aimes les paysans, ils ne sont
pas assez savants pour raisonner de travers.
(Mes Pensées)
Une religion qui peut tolérer les autres ne songe
guère à sa propagation.
(De l'Esprit des
lois)
Il y a autant de vices qui viennent
de ce qu'on ne s'estime pas assez que de ce qu'on s'estime trop.
(Mes Pensées)
Vous faites bien d'amasser de l'argent pendant
votre vie ; on ne sait ce qui arrivera après la mort.
La plupart des choses qui nous font
plaisir sont déraisonnables.
Si les triangles faisaient un dieu, ils lui
donneraient trois côtés.
(Lettres persanes)
Je n'aime point Dieu parce que je
ne le connais pas, ni mon prochain parce que je le connais.
(Mes Pensées)
Dans les jeunes femmes, la beauté supplée l'esprit.
Dans les vieilles, l'esprit supplée la beauté.
(Mes Pensées)
Nous louons les gens à proportion
de l'estime qu'ils ont pour nous.
(Cahiers)
Quand on court après l'esprit, on attrape la
sottise.
(Mes Pensées)
Vérité dans un temps, erreur dans
un autre.
La plupart des hommes sont plus capables de grandes
actions que de bonnes.
(Mes Pensées)
C'est un malheur de n'être point
aimée ; mais c'est un affront de ne l'être plus.
(Lettres persanes)
L'argent est très estimable, quand on le méprise.
(Mes Pensées)
Il faut savoir le prix de l'argent
: les prodigues ne le savent pas, et les avares encore moins.
(Mes Pensées)
Un empire fondé par les armes a besoin de se
soutenir par les armes.
(Considérations sur
les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence)
La plupart des gens vous nuisent,
sans avoir l'intention de vous nuire. Ils ont parlé contre vous et ils
ne voulaient que parler : ils ont parlé contre vous parce qu'ils étaient
dans l'impuissance de se taire.
(Mes Pensées)
Il est mille fois plus aisé de faire le bien, que
de le bien faire.
(De l'Esprit des
lois)
Il se trouve que chacun va au bien
commun, croyant aller à ses intérêts particuliers.
(De l'Esprit des
lois)
Si on ne voulait être qu'heureux, cela serait
bientôt fait. Mais on veut être plus heureux que les autres, et cela est
presque toujours difficile parce que nous croyons les autres plus
heureux qu'ils ne sont.
(Mes Pensées)
Je suis distrait, je n'ai de
mémoire que dans le coeur.
(Mes Pensées)
L'esprit d'égalité extrême, conduit au despotisme
d'un seul.
(De l'Esprit des
lois)
Les desseins qui ont besoin de
beaucoup de temps pour être exécutés ne réussissent presque jamais.
(Réflexions sur la
monarchie universelle en Europe)
Le Ciel peut faire des dévots, le Prince fait des
hypocrites.
(Mes Pensées)
Le véritable esprit d'égalité ne
cherche pas à n'avoir point de maître, mais à n'avoir que ses égaux pour
maîtres.
(De l'Esprit des
lois)
Un homme qui enseigne peut devenir aisément
opiniâtre, parce qu'il fait le métier d'un homme qui n'a jamais tort.
(Essais sur les
causes qui peuvent affecter les esprits et les caractères)
Ce qui m'a toujours beaucoup nui,
c'est que j'ai toujours trop méprisé ceux que je n'estimais pas.
(Mes Pensées)
Les Français enferment quelques fous dans une
maison, pour persuader que ceux qui sont dehors ne le sont pas.
(Lettres persanes)
Les Français ne parlent jamais de
leurs femmes : c'est qu'ils ont peur d'en parler devant des gens qui les
connaissent mieux qu'eux.
(Lettres persanes)
Je pardonne aisément, par la raison que je ne sais
pas haïr. Il me semble que la haine est douloureuse.
(Mes Pensées)
C'est un malheur qu'il y a trop peu
d'intervalle entre le temps où l'on est trop jeune, et le temps où l'on
est trop vieux.
(Mes Pensées)
La liberté, ce bien qui fait jouir des autres
biens.
(Mes Pensées)
Tous les hommes sont des bêtes ;
les princes sont des bêtes qui ne sont pas attachées.
(Mes Pensées)
Il y a une infinité de choses où le moins mal est
le meilleur.
(Mes Pensées)
Tous les maris sont laids.
(Mes Pensées)
La plupart des mépris ne valent que des mépris.
(Mes Pensées)
Pour écrire bien, il faut sauter
les idées intermédiaires, assez pour n'être pas ennuyeux ; pas trop, de
peur de n'être pas entendu.
(Mes Pensées)
Il faut pleurer les hommes à leur naissance, et non
pas à leur mort.
(Lettres persanes)
Il faut bien connaître les préjugés
de son siècle, afin de ne les choquer pas trop, ni trop les suivre.
(Mes Pensées)
On raille de tout, parce que tout a un revers.
(Mes Pensées)
Les grandes récompenses dans une
monarchie et dans une république sont un signe de leur décadence, parce
qu'elles prouvent que leurs principes sont corrompus.
(De l'Esprit des
lois)
Le mérite console de tout.
(Pensées diverses)
La propreté est l'image de la
netteté de l'âme.
(Lettres persanes)
Nous recevons trois éducations différentes ou
contraires : celle de nos pères, celle de nos maîtres, celle du monde.
Ce qu'on nous dit dans la dernière renverse toutes les idées des
premières.
(De l'Esprit des
lois)
La justice consiste à mesurer la
peine et la faute, et l'extrême justice est une injure.
Malheureux le roi qui n'a qu'une tête !
(Lettres persanes)
Les politiques grecs ne
reconnaissent d'autre force que celle de la vertu. Ceux d'aujourd'hui ne
vous parlent que de manufactures, de commerce, de finances, de richesses
et de luxe même.
La république est le pouvoir de quelques citoyens
et la licence de tous.
J'appelle préjugés, non pas ce qui
fait qu'on ignore de certaines choses, mais ce qui fait qu'on s'ignore
soi-même.
(Mes Pensées)
Nous sommes si aveugles que nous ne savons quand
nous devons nous affliger ou nous réjouir : nous n'avons presque jamais
que de fausses tristesses ou de fausses joies.
(Lettres persanes)
Dans toute magistrature, il faut
compenser la grandeur de la puissance par la brièveté de sa durée.
(De l'Esprit des
lois)
On est ordinairement maître de donner à ses enfants
ses connaissances ; on l'est encore plus de leur donner ses passions.
(De l'Esprit des
lois)
Dans une nation qui est dans la
servitude, on travaille plus à conserver qu'à acquérir. Dans une nation
libre, on travaille plus pour acquérir qu'à conserver.
Les républiques finissent par le luxe ; les
monarchies par la pauvreté.
(De l'Esprit des
lois)
Il ne faut rien faire que de
raisonnable ; mais il faut bien se garder de faire toutes les choses qui
le sont.
(Mes Pensées)
Toutes les religions ont eu leurs mystères, et il
semble que, sans cela, il n'y aurait point de religion.
(Mes Pensées)
Une religion qui offrirait des
récompenses sûres dans l'autre vie verrait disparaître ses dévots par
milliers.
(Mes Pensées)
Tous les vices politiques ne sont pas des vices
moraux, et tous les vices moraux ne sont pas des vices politiques.
(De l'Esprit des
lois)
Pour qu'un homme soit au-dessus de
l'humanité, il en coûte trop cher à tous les autres.
(Dialogue de Sylla et
d'Eucrate)
Il faut éclairer l'histoire par les lois et les
lois par l'histoire.
(De l'Esprit des
lois)
La pudeur sied bien à tout le monde
; mais il faut savoir la vaincre et jamais la perdre.
(Mes Pensées)
Un courtisan est semblable à ces plantes faites
pour ramper qui s'attachent à tout ce qu'elles trouvent.
La force principale de la religion
vient de ce qu'on la croit : la forces des lois humaines de ce qu'on les
craint.
La monarchie dégénère ordinairement dans le
despotisme d'un seul ; l'aristocratie dans le despotisme de plusieurs ;
la démocratie dans le despotisme du peuple.
Une monarchie corrompue n'est pas
un Etat ; c'est une cour.
Celui qui fait exécuter les lois doit y être
soumis.
Il n'y a rien de si puissant qu'une
république où l'on observe les lois non par crainte mais par passion
comme le fit Rome.
L'histoire du commerce est celle de la
communication des peuples.
Un mari qui aime sa femme est un
homme qui n'a pas assez de mérite pour se faire aimer d'une autre.